Portrait Ashardeen Sultan
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Ashardeen Sultan

Ashardeen Sultan conçoit des jeux thérapeutiques pour les réfugiés

Le designer a quitté la métropole de Singapour pour la ville tranquille d’Eindhoven où il a étudié à la Design Academy. Spelementen, son travail de fin d’études est un jeu d’éléments de construction thérapeutique destiné aux enfants des centres de demandeurs d’asile. Un projet important pour lui, tant au niveau social que personnel.

Bring yourself, Ashar­deen will do the same

Portraitphoto Ashardeen Sultan proud on stool

Ashardeen Sultan a 28 ans. Ce designer multidisciplinaire est fraîchement diplômé de la Design Academy d’Eindhoven. Son projet de fin d’études, Spelementen, destiné aux enfants des centres de demandeurs d’asile, sera présenté à l’occasion de la Dutch Design Week.

Design pour les centres de deman­deurs d’asile

Ashardeen Sultan est arrivé de Singapour aux Pays-Bas en 2018 pour étudier à la Design Academy d’Eindhoven. L’un de ses enseignants en conception de produits à Singapour connaissait Eindhoven et lui a conseillé d’y poursuivre sa formation. Et bien qu’Eindhoven se plaise à penser qu’elle est le moteur du design néerlandais, c’est surtout la tranquillité qui y règne qui a attiré Ashardeen Sultan. « Singapour ne dort jamais. Ici, les magasins ferment à 18 heures. »

« J’ai grandi dans un quartier défavorisé de Singapour », raconte-t-il. « Je sais ce que l’on ressent quand personne ne se soucie de vous. » Et donc, quand l’occasion de réaliser un projet pour les enfants réfugiés s’est présentée, il s’est tout de suite mis au travail avec un autre étudiant.

Avant tout, Spelementen offre aux enfants des centres de demandeurs d’asile une distraction dont ils ont désespérément besoin. « Ils n’ont parfois qu’un ballon ou une boîte de conserve vide pour jouer ». En plus de permettre aux enfants de donner libre cours à leur envie de construire avec des éléments en bois, le projet comporte également un aspect thérapeutique. Le jeu offre ainsi aux enfants de l’espace pour la réflexion et une occasion de créer un lieu de partage de leurs expériences.

Portraitphoto Ashardeen hands with parts
« J’ai grandi dans un quartier défavorisé de Singapour. Je sais ce que l’on ressent quand personne ne se soucie de vous. »
Ashardeen Sultan

Jouer et réfléch­ir

Portraitphoto Ashardeen scrapes

Pour cela, Spelementen se compose de trois « zones ». La première est une petite tente à construire soi-même, la « home of thought » ou maison de la pensée. « Un enfant peut s’y installer tranquillement et prendre du temps pour lui », explique Ashardeen Sultan. Avec les autres éléments, les enfants peuvent construire une sorte de balançoire à bascule que l’on appelle « backyard stories ». Elle leur offre la possibilité de passer du temps avec un autre enfant ou un(e) assistant(e) social(e) et de discuter, tout en restant en mouvement. La dernière zone est appelée « spotlight ». C’est une série de tabourets à bricoler sur lesquels les enfants se réunissent et placent quelqu’un sous les projecteurs.

Ashardeen Sultan espère pouvoir équiper tous les centres de demandeurs d’asile des Pays-Bas de Spelementen. Les jeunes réfugiés qui ont déjà pu tester les éléments de construction étaient en tout cas très enthousiastes. « Il nous reste à réaliser un bon mode d’emploi pour les volontaires des centres. »

Efficac­ité néerland­aise

Spelementen est-il la preuve qu’Ashardeen Sultan a su apprendre les ficelles du design néerlandais en quelques années ? « Quoi qu’il en soit, c’est un bon produit qui vient des Pays-Bas », est son explication la plus simple. « Plus les enfants en contact sont nombreux, plus grande est l’efficacité. Le projet amène toutefois un sujet de réflexion pour la société néerlandaise. Dans quelle mesure cet outil peut-il être efficace et quel est le retour ? »

Durant la Dutch Design Week, Eindhoven sera en tout état de cause très animée. Spelementen a été choisi comme projet d’exposition par les professeurs de la Design Academy. « J’espère qu’il fera un tabac chez les enfants », dit Ashardeen Sultan à propos de son jeu. « Et j’espère pouvoir faire comprendre aux gens que nous ne naissons pas tous avec les mêmes chances. »

Portraitphoto Ashardeen sitting on stool
Portrait Ashardeen Sultan sawing machine